Space Q&A : le programme Iridium NEXT
Space Q&A. Denis Allard, bonjour
DA. Bonjour
Space Q&A. Vous êtes Directeur du programme Iridium NEXT chez Thales Alenia Space. Est-ce que vous pouvez expliquer à nos internautes en quoi consiste la mission de la constellation ?
DA. Iridium NEXT est à ce jour la plus grande constellation de satellites de télécommunication en orbite basse dans le monde. Elle vise à remplacer progressivement la constellation Iridium® existante tout en y apportant de nouvelles fonctionnalités pour les services mobiles telle que la téléphonie 3G ou 4G… La constellation est basée sur 66 satellites opérationnels en orbite répartis en 6 plans orbitaux de 11 satellites chacun, complétée par 6 satellites de rechange en orbite et par 9 satellites additionnels au sol. C’est donc un total de 81 satellites que nous devons livrer à Iridium. En tant que maître d’œuvre du programme, Thales Alenia Space est en charge de l’ingénierie, de l’intégration et de la validation du système et de la fourniture des 81 satellites.
Space Q&A. Qu’est-ce qui différencie Iridium NEXT des constellations Globalstar et O3b également réalisées par Thales Alenia Space ?
DA. Sur une constellation telle que Globalstar, chaque satellite est indépendant et fonctionne en relais par rapport à une gateway au sol. Sur Iridium®, le routage ne se fait pas par un réseau sol mais par des satellites interconnectés entre eux suivant un maillage très intelligent. La pertinence du maillage permet une couverture mondiale tout en s’affranchissant des réseaux télécom au sol. Cette « intelligence » de routage en orbite est assurée par des calculateurs bénéficiant des technologies les plus avancées en matière de logiciel embarqué. Cette indépendance de tout réseau sol permet au système Iridium d’être résistant même en cas de catastrophe naturelle.
Space Q&A. Quels challenges a-t-il fallu relever pour réaliser un projet d’aussi grande envergure ?
DA. Pour pouvoir produire en série une constellation d’une telle envergure, il a fallu revoir toute notre chaine de production (supply chain, gestions des fournisseurs …). Pour tenir les délais, nous devons livrer 3 à 4 satellites par mois (soit presque un satellite par semaine). Nous avons donc mis en place des chaines de production spécifiques tant chez nos sous-traitants qu’en interne de la société. Les 2 premiers satellites sont intégrés, testés et qualifiés dans les salles blanches de Thales Alenia Space à Toulouse et à Cannes. La production des satellites, quant à elle, est faite chez notre partenaire Orbital ATK à Gilbert (Arizona – USA). La validation du système est assurée par des équipes intégrées entre Thales Alenia Space et Boeing avec des plateformes de validation réparties entre Toulouse et Gilbert. Quinze ingénieurs de Thales Alenia Space sont résidents permanents à Gilbert, pour suivre le développement de la production des satellites et la validation du système.
Iridium NEXT est une extraordinaire aventure en terme de management de programme avec, à la clé, la gestion de plus de 40 sous-traitants majeurs. Plus de 400 personnes travaillent actuellement sur Iridium au sein de Thales Alenia Space. Ce chiffre s’élève à 1500 personnes si l’on compte nos sous-traitants. Le premier lancement de 2 satellites est prévu de Russie en fin d’année 2015. Il permettra de valider la compatibilité avec la constellation existante. Suivront ensuite 7 lancements de 10 satellites, pour obtenir une constellation totalement déployée et opérationnelle en 2017. Ces 7 lancements seront assurés par la société SpaceX à partir de la base de lancement de Vandenberg en Californie.
Space Q&A. Merci beaucoup Denis Allard d’avoir accepté de répondre à nos questions. Thales Alenia Space vous donne RDV prochainement pour un nouveau numéro de «Space Q&A» !