Sous les projecteurs

Space Q&A – ExoMars : cap sur la planète Mars !

Sous les projecteurs

Space Q&A – ExoMars : cap sur la planète Mars !

Langues disponibles
    Space Q&A : Walter Cugno bonjour
    Walter Cugno : Bonjour
    Space Q&A : Vous êtes le directeur du programme ExoMars chez Thales Alenia Space. Il s’agit d’un sujet dont on parle beaucoup dans les media en ce moment. Pouvez-vous en expliquer les grandes lignes à nos internautes ?
    Walter C. : ExoMars est un programme d’exploration spatiale à double échéance (2016 et 2020), dirigé en coopération entre l’ESA et l’Agence Spatiale Russe (Roscosmsos). La maîtrise d’œuvre de l’ensemble du programme ExoMars est assurée par Thales Alenia Space. A l’issue de la mission 2020, l’objectif est de faire atterrir un robot mobile sur la Planète Mars. Equipé d’un perforateur, d’une grande robustesse, le rover pourra sonder le sol martien pour y récolter des échantillons. Ces derniers seront analysés au sein d’un mini-laboratoire embarqué à bord de l’astromobile. La question est de savoir s’il y a déjà eu, par le passé, des traces de vie sur Mars.
    Space Q&A. Pouvez-vous nous expliquer la mission 2016 étape par étape ?
    Walter C. : On en parle beaucoup en ce moment car les composantes de la mission 2016 - l’orbiteur (TGO) ainsi que le module de descente et d’atterrissage (EDM) - sont en ordre de marche pour rejoindre le site de lancement de Baikonour très prochainement. La sonde sera lancée par la fusée Proton à l’intérieur d’une fenêtre de tir comprise entre le 14 et le 25 mars 2016. A la suite du lancement, le TGO, transportant 2,3 tonnes d’ergol à son bord, fera le voyage vers Mars avec l’EDM à son sommet. Ce dernier sera largué très exactement le 16 octobre 2016 et commencera ensuite sa descente vers Mars 3 jours plus tard.
    © Thales Alenia Space/Imag[IN]

    Space Q&A : Et ensuite… Comment parviendrez-vous à faire atterrir le module de descente sur Mars ?
    Walter C. Le challenge consiste à parfaitement contrôler la descente du module. La vitesse initiale interplanétaire de l’EDM (5,8 km/s) va d’abord chuter de manière vertigineuse lors de la phase de rentrée dans l’atmosphère de Mars. Un parachute sera ensuite déployé à 10 km d’altitude pour ralentir davantage la vitesse de la descente (évaluée à Mach 2). Le bouclier thermique avant sera alors largué de telle sorte que le radar altimètre ait un champs de vision détaillée de la surface de Mars. Commencera alors la descente de la plateforme d’atterrissage adroitement contrôlée grâce aux senseurs pour le Guidage, le Contrôle et la Navigation et les 9 moteurs hydrazine (de 400 Newtons). A l’approche de la surface, les moteurs seront mis sur off. Le démonstrateur pourra alors atterrir délicatement, aidé par la gravité. Le premier impact avec la Planète Rouge sera amorti grâce à une structure écrasable en nid d’abeille qui protègera le démonstrateur.
    © ESA

    Space Q&A : Comment est-ce que cette 1ère mission s’inscrit dans la préparation de la mission de 2020 ?
    Walter C. : Cette mission offrira un grand nombre de données pendant la phase de rentrée atmosphérique. Elle vise en particulier à valider les concepts et technologies permettant d’assurer la descente et l’atterrissage sur Mars en toute sécurité. Le démonstrateur embarquera une charge utile scientifique destinée à mesurer la vitesse des vents, l’humidité, la pression atmosphérique, la température du sol, la transparence de l’atmosphère, les champs électriques… De son côté, le TGO orbitera autour de la planète, à 400 km d’altitude, observant inexorablement l’atmosphère et la surface de Mars. Il étudiera les traces de gaz et de sources dans l’atmosphère, contribuant ainsi à la recherche d'éventuelles traces de vie sur Mars. Opérationnel jusqu’en d’année 2022, l’orbiteur investiguera par ailleurs la surface de Mars, ouvrant ainsi la voie à la mission de 2020.

    Space Q&A : quelles sont les composantes de la mission de 2020 ?
    Walter. C : la seconde mission comportera un module de croisière, un module de descente russe ainsi qu’une plateforme d’atterrissage hébergeant le fameux Rover de l’ESA.

    Space Q&A : en quoi consiste la seconde mission ExoMars ?
    Walter. C : Prévu au lancement en 2020, la mission consiste à pénétrer dans l’atmosphère martienne, à larguer le module de descente lui-même destiné à déposer la plateforme d’atterrissage sur la surface de Mars, avec la précieuse astromobile à son bord. Il s’agit d’une opération très délicate qui sera réalisée grâce à l’expérience acquise avec le module module de descente de la mission précédente.
    ESA

    Space Q&A : …et le rôle du rover dans tout ça ?
    Walter C. : le rover aura la responsabilité très attendue d’explorer le terrain martien pendant une durée de 218 sols (journées martiennes), ce qui correspond approximativement à 230 journées sur notre Planète. Pendant toute la durée de la phase d’exploration, il pourra effectuer des forages allant jusqu’à 2 mètres de profondeurs, muni d’un perforateur d’une très grande robustesse. Les échantillons récoltés serviront à l’analyse des éventuelles traces/formes de vie passées et actuelles. Le dernier objectif consistera à réaliser une étude géochimique de la surface de Mars et de son environnement sous-terrain, de quoi alimenter la recherche scientifique et géologique pour de nombreuses années !
    Space Q&A : connaissez-vous la chanson « Life on Mars » que David Bowie avait interprété au début des années 70 ?
    Walter C. : Rires. Oui j’aime beaucoup cette chanson !

    Space Q&A : auriez-vous pu imaginer un jour, en écoutant cette chanson, que vous seriez l’un des acteurs principaux d’une mission comme ExoMars ?
    Walter C. : Rires. Je n’avais pas vu cela sous cet angle. Non, même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais imaginé que ce qui n’était encore que science-fiction au début des années 70 deviendrait réalité quelques décennies plus tard ! Rires
    Plus concrètement, cette mission sera – nous l’espérons tous - capitale pour la recherche scientifique. Ce n’est pas la première fois que l’être humain parvient à faire atterrir un rover sur Mars ; rappelez-vous de la mission Curiosity de la NASA. En revanche, ce sera la toute première fois que l’on effectuera des forages sur Mars pour espérer y trouver des formes de vies. Tous les acteurs qui contribuent de prêt ou de loin aux 2 missions ExoMars – toutes sociétés, agences et entités confondues - sont honorées de travailler sur un tel programme. On ne peut que ressentir de la fierté à l’idée de faire partie d’une telle aventure humaine qui fera – j’en suis sûr – le bonheur des scientifiques et des passionnés d’exploration spatiale.

    Merci beaucoup Walter Cugno d’avoir gentiment accepté cet interview. Thales Alenia Space vous donne rendez-vous très prochainement pour un nouveau numéro de Space Q&A !

    Copyrights:
    Photos: © Thales Alenia Space/Imag[IN] (1-2) - © ESA (3-4)
    Video: © Thales Alenia Space/Master Image Programmes